CONTEXTE HISTORIQUE

L’échec du Directoire (désordre financier, impuissance des assemblées, vénalité du haut personnel politique) rendait probable un changement de régime auquel aspiraient tous les partis : modérés, jacobins, royalistes. Conseillé par Talleyrand, Fouché et Sieyès, appuyé par son frère Lucien, président du Conseil des Cinq-Cents, Bonaparte prit à son retour d’Egypte le risque d’un coup d’Etat qui eut lieu les 18 et 19 brumaire an VIII (9 et 10 novembre 1799), à la faveur de la mise à l’écart des directeurs et de la translation à Saint-Cloud des deux assemblées : le Conseil des Anciens, presque entièrement gagné au projet mais qui hésitait à commettre une action illégale, et le Conseil des Cinq-Cents qui réclamait la mise hors la loi du général.

ANALYSE DES IMAGES

La scène se situe dans l’orangerie du château de Saint-Cloud. Bonaparte, escorté de quelques grenadiers, affronte impassible les députés hurlant et protestant « A bas le dictateur ! A bas le tyran ! Hors la loi ! ». Le désordre règne dans la salle, comme en attestent la chaise renversée au premier plan et les députés qui se pressent autour du général. Cependant, François Bouchot, élève de Richomme, de Regnault et de Lethière, parvient à exprimer, dans un art où le classicisme d’un David semble atténué par la douceur de Regnault, une conception picturale d’une grande fluidité : la lumière baigne sans violence l’ensemble de la scène où tous les personnages se découpent avec vigueur.

INTERPRÉTATION

Exposée au Salon de 1840, année du retour des cendres de l’Empereur, cette célèbre peinture avait été commandée en 1838 pour les galeries historiques du musée du château de Versailles, par Louis-Philippe sous le règne duquel la légende napoléonienne reprit une grande force : elle était en effet un argument majeur pour la légitimation a posteriori du changement dynastique. De fait, rien ne perce ici de la violence de l’affrontement, quand, serré par les députés, prenant des coups, Bonaparte fut dégagé par ses grenadiers. Bouchot prend soin au contraire de présenter le général comme l’ordre incarné face aux Cinq-Cents, allégorie du désordre législatif. Lucien Bonaparte, plus circonspect, semble un instant interroger l’horizon, moins sûr de son fait que Napoléon. Seules trois baïonnettes dressées rappellent la force de l’armée dont l’invincibilité ne semble bien reposer ici que sur Bonaparte. Envoyé au Louvre en 1889, le tableau a regagné depuis le château de Versailles.

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L'événement

Signification historique